Après une quarantaine d’années de reconquête par le capital de sa part du PIB, qu’est-ce qui peut faire redémarrer la croissance ?
Peut-être une conjonction de plusieurs facteurs, dont la nécessité de renouveler l’équipement industriel ou la mise sur le marché de produits très demandés – comme en leur temps les voitures, réfrigérateurs, lave-linges, téléviseurs➤➤.
L’endettement de l’État – notamment pour la guerre – est censé déclencher de l’inflation* (et donc stimuler l’investissement), en tout cas si la dette est nominale (à taux d’intérêt* fixe), puisque la puissance publique a alors de bonnes raisons d’adopter des politiques qui réduisent la valeur réelle de ce qu’elle doit à ses créanciers. Mais la concentration du pouvoir entre les mains des financiers a toutes les chances de contrecarrer ce mécanisme.
Que les capacités de production industrielle soient désormais largement sur le sol des pays « émergents » signifie que le retour à une économie productive (c’est-à-dire où les profits se font davantage dans l’investissement productif que par des placements financiers) risque de se faire au détriment relatif des pays « développés ». [Sauf que si la guerre oppose par exemple la Chine aux USA, c’est l’occasion pour ces derniers de réindustrialiser.] Reste à comprendre où se trouve l’intérêt des actionnaires des multinationales.
Qui a en main le levier de la croissance devrait être en train de chercher à bien se positionner pour la prochaine phase ascendante du cycle Kondratieff : les ressources convoitées à la fois par les industriels et par les consommateurs semblent un bon investissement.
La courbe des taux d’intérêt s’inversant n’incite évidemment pas à l’optimisme. [Quoi que ?] La hausse des taux de court terme au détriment de ceux de long terme affecte davantage les entreprises nécessitant des apports modérés en capitaux, c’est-à-dire ceux où la part de la main d’œuvre est prépondérante. On explique peut-être ainsi les récentes difficultés dans le commerce de détail➤➤➤➤, tandis que l’intérêt de ce secteur pour la robotisation➤➤ signale éventuellement une tentative de comprimer la part des salaires comme préalable à la prochaine grande vague d’investissement.