embarras ou déception

Le blogger Jehu considère que la surproduction nécessite une monnaie purement fiduciaire pour procéder aux échanges qui cantonnent la population au travail et permettent de ne pas produire à perte. Pour préserver une force de travail productive (de valeur et de profit), le rapport entre rémunérations et prix des biens de consommation doit rester tel que le travail soit largement nécessaire pour se procurer ces derniers. Si l’on produit trop de ces biens de consommation, le nombre de travailleurs nécessaires à leur production devient excessivement restreint… or le temps de travail productif est une composante essentielle du surtravail à l’origine des profits (avec la part du temps de travail consacrée à la production de la plus-value).

Au choix : laisser les travailleurs se battre pour les derniers emplois (au risque d’une révolution), payer la plupart à ne rien faire et attendre des volontaires pour remplir les quelques postes à pourvoir, assister à un déclin démographique, ou… développer les secteurs non-productifs*, utiles d’une part à maintenir une demande et donc un prix plus élevé pour les biens de consommation, et d’autre part à rendre plus dense le marché du travail, impactant de ce fait les salaires. Sauf que le volume total des salaires a des chances de croître : si les emplois de supervision et de commerce doivent permettre d’augmenter le ratio plus-value / valeur (respectivement aux niveaux de la production et de la circulation), ils représentent une ponction dans la masse de la plus-value. Reste que l’on ne peut se passer de commerciaux dans un environnement compétitif et que la supervision est nécessaire quand il n’est pas avantageux d’augmenter les salaires et que l’intensité du travail a tendance à baisser.

Agnes Denes (1982) – Battery Park Landfill, Downtown Manhattan

Les faibles gains de productivité dans ces activités « non-productives » (de valeur) est (ou fut) une cause majeure de leur expansion, à quoi il faut ajouter une mondialisation qui s’accélère à partir des années 1970 – contribuant possiblement à éviter une concentration du capital pour cause de taux de profit en berne (et donc un moindre recours aux services commerciaux ?). Les ordinateurs et internet auront certainement permis de remédier en partie à ce grignotage de la plus-value par le commerce et la supervision.

Maintenir la parité or des monnaies aurait eu un effet déflationniste socialement difficile à assumer (on préfère voir les salaires nominaux grimper) et économiquement problématique (des taux d’intérêt nominaux trop négatifs rendent les prêteurs vulnérables à un retour de l’inflation). Paul Cockshott démontre qu’assez paradoxalement un taux de profit élevé est à long terme dépendant d’un faible réinvestissement des profits, autrement dit de leur utilisation improductive. Une accumulation partielle signifie que l’on peut, avec un taux de profit supérieur à ceux de la croissance démographique et de la dévaluation-dépréciation de l’équipement industriel additionnés, voir la valeur du capital constant (les machines…) et celle du capital variable (les salaires du travail productif) grimper simultanément et non de façon déséquilibrée – une condition à la stabilisation du taux de profit. Ce résultat, plutôt bien confirmé empiriquement, indique au fond que le taux d’accumulation est largement indépendant de l’utilisation improductive de la plus-value.

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