L’augmentation du chômage peut avoir un effet sur les salaires permettant d’accroître la part des profits dans la valeur ajoutée (recettes moins dépenses hors salaires, c’est-à-dire salaires plus profits), cependant la valeur totale créée (mesurée en temps de travail) se restreint (hors croissance démographique).
Une fois que les salaires deviennent trop difficiles à comprimer (par exemple quand les classes moyennes sont suffisamment affectées[1]), davantage de chômage ne réduit plus la part des salaires dans la valeur ajoutée, tandis que la valeur totale créée continue d’être attaquée. L’impact négatif sur les profits doit-il provoquer une chute de l’investissement, ou verra-t-on au contraire les entreprises se débattre pour gagner des parts de marché ?
Si l’on prend l’exemple➤ de la dégringolade du taux de profit (profits divisé par le capital avancé hormis les salaires des secteurs non-productifs*) aux USA des années 1950 aux années 1970, on constate effectivement qu’elle a entraîné une chute de l’investissement, laquelle permettra ultérieurement une légère remontée du taux de profit une fois les salaires tirés vers le bas, tandis que le ralentissement de l’innovation technologique et la dévaluation du capital avec les fermetures ont fourni un petit dénominateur au taux de profit. Par ailleurs les coûts de production ont été rendus plus favorables – entre autres du fait de la baisse du cours des matières premières (en partie grâce à la mise sous la coupe du FMI des pays exportateurs). Mais les activités improductives, et notamment celles de la circulation (commerce, finance…) ont pris une telle ampleur qu’elles expliquent la majorité de l’amputation du taux de profit dans les décennies d’après-guerre, ainsi que sa relative faiblesse ultérieure malgré la chute de l’investissement et la réduction des coûts de production.
Une demande en berne provoque des licenciements causés soit par l’ajustement du volume de la production, soit par les gains de productivité visant à réduire les coûts. À noter qu’il serait assez logique que les prix subissent davantage de pression à la baisse dans le second cas[2]. La baisse des prix ne doit-elle pas remettre en cause l’impact du chômage sur les salaires ? Peut-être, mais la baisse des coûts peut aussi amener à une augmentation du taux de profit plutôt qu’à une baisse des prix : c’est ce qui s’est produit dans les années 1980 et 1990.
Notes
1. Le conflit entre la classe moyenne basse – qui ne souhaite pas avoir à compenser la réduction de la protection sociale – et la classe moyenne haute – voulant échapper à l’imposition – risque de se résoudre par la séparation de la classe la plus basse en deux groupes dont l’un sera socialement très éloigné de la classe moyenne, par exemple géographiquement.
2. Du fait de l’équilibrage du taux de profit entre les différents secteurs, les prix ne sont pas tant affectés par l’offre et par la demande que par les coûts de production. Les volumes des ventes dépendent en revanche de la disponibilité de l’offre et de la demande au prix proposé.