L’accroissement des inégalités depuis le début des années 1980➤ implique une hausse du ratio profits / salaires, et donc la possibilité d’affecter les ressources économiques à la production (plutôt qu’à la consommation), c’est-à-dire à la croissance de la productivité. Mais celle-ci ne présente pas un grand intérêt pour les détenteurs des capitaux quand la masse salariale ne constitue déjà qu’une fraction modérée des coûts de production : c’est surtout une baisse des prix qui risque d’être obtenue, et peut-être avec elle un rapport de force davantage en faveur de la classe travailleuse – laquelle serait moins incitée à aller au turbin, à moins que le marketing soit suffisamment efficace.
Alors que faire des ressources excédentaires ? Investir dans le foncier et l’immobilier finit par produire des bulles spéculatives, car la valeur intrinsèque d’un bâtiment ou d’un terrain ne change pas beaucoup.
Gabriel Zucman, dans ses travaux sur les paradis fiscaux, affirme que ceux-ci provoquent des anomalies dans les comptes nationaux : le passif est systématiquement supérieur à l’actif. Le Luxembourg est un exemple majeur de ce phénomène, car la Suisse (le principal paradis fiscal) y envoie la majeure partie des fonds étrangers (pour la plupart illégaux) qui lui sont confiés, et ce petit pays ce Grand-Duché se retrouve ainsi détenteur d’un passif net de plus d’un trillion de dollars➤. La planète Terre dans son ensemble possède un passif net de plus de 8 trillions de dollars. Pour Zucman, deux explications sont possibles : soit la Terre a une dette vis-à-vis du reste de l’univers, soit les déclarations d’impôt sous-estiment le montant des rémunérations et des patrimoines. Notons que ces deux propositions ne sont pas mutuellement exclusives➤.