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1968

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1968 arrive à la fois trop tôt et trop tard. Trop tôt pour les raisons évoquées ici et trop tard car la vague d'investissement est déjà largement passée. En revanche, les périodes d'activité anarchiste sont raccord niveau timing : pendant les vagues d'investissement, et une fois le pic dépassé. En ce qui concerne au moins l'Amérique du Nord, les grèves ont à l'inverse lieu davantage au moment du pic et du creux. Voir The Kondratiev Cycle, a generational interpretation de Michael A. Alexander (2002).

L'épisode de mai 1968 a contribué à décrédibiliser davantage les syndicats, qui ont notamment appelé à la reprise du travail 'dans des parties clefs du secteur public, avant que les employeurs ne satisfassent les demandes dans des secteurs moins organisés - en particulier les moteurs, l'ingénierie et la chimie - rendant difficile de traduire le nouveau militantisme en un atout de long terme dans les ateliers.' (The Fire Last Time, Chris Harman, ma traduction). Il fut certainement d'autant plus facile d'utiliser ensuite l'arme du chômage pour faire pression sur les salaires.

Les syndicats ont connu un déclin depuis les années 1950 (en terme d'effectifs), les contributions des membres ayant été remplacées par les rétributions pour leur participation aux organismes paritaires. Il est possible que cette perte d'influence sur les travailleurs ait joué dans le déclenchement prématuré de la révolte : à la fois par les possibilités accrues d'actions spontanées et par l'urgence à agir avant qu'une lutte organisée est encore possible.

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Dans l'ouvrage inflation, dollar, euro-dollar (1971), les auteurs Perroux, Denizet et Bourguinat affirment en pages 45-52 que "la crise inflationniste 1969-1970, la plus grave que le monde occidental ait jamais connue" [jusqu'alors], n'a pas d'explication purement monétaire mais a eu pour cause d'une part les dépenses américaines pour la guerre du Viêt-Nam, et en Europe "la grande explosion sociale française de mai 1968, laquelle a rejailli un an plus tard et presque simultanément en Allemagne, en Italie et en Grande-Bretagne."

Sur l'augmentation des salaires réels en France en 1968, on trouve plusieurs discours. Pour Libération, l'inflation n'a laissé qu'une progression de 3 % des salaires réels, le même montant que les années précédentes ; mais d'après Chris Harman dans The Fire Last Time, les salaires ont augmenté en moyenne de 15 % avec mai 68 quand les prix n'ont augmenté que de 6,4 %. La décennie qui suivra sera inflationniste, mais les bas salaires étaient indexés. Pour rendre le problème plus compliqué, voir .

Sur l'augmentation des salaires nominaux en France en 1968 : https://www.persee.fr/doc/estat_0336-1454_1970_num_14_1_1962

Sur l'inflation dans différents pays : https://www.global-rates.com/fr/statistiques-economiques/inflation/1974.aspx

Quelques détails supplémentaires : https://www.convergencesrevolutionnaires.org/Juin-36-mai-68-quand-les-travailleurs-faisaient-decoller-leurs-salaires

 

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L'ouvrage d'Anthony Carew, Labour under the Marshall Plan (1987), revient à de nombreuses reprises sur le cas de la France. En page 216 (ma traduction) :

Encore plus qu'en Italie, la négociation collective au niveau de l'entreprise resta une pratique relativement rare jusque tard dans les années 1960.

"Au milieu des années 1950, les entrepreneurs commencèrent à prendre confiance, et jusqu'à la fin de cette décennie, les résultats furent bons : la production par heure de travail était le double de celle de Grande-Bretagne et des États-Unis. La France récoltait les fruits des dépenses dans l'infrastructure et l'industrie lourde du Plan Monnet, avec l'aide américaine. Environ la moitié de tous les investissements effectués en Europe de l'Ouest grâce aux fonds de contrepartie [en devises nationales, dans le cadre du Plan Marshall ou de programmes similaires] eurent lieu en France. Elle était dotée de l'industrie métallurgique la plus moderne d'Europe et de vastes capacités de production d'énergie hydro-électrique à pas cher."

L'auteur explique ensuite que le gros de la transition vers une forme plus moderne de l'industrie française eut lieu après le retour au pouvoir de De Gaulle en 1958.

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Extrait de cette brochure, rédigée en 2020 à l'occasion d'un procès pour squat.

 

[Durant une bonne partie du 20ème siècle,] en Grande-Bretagne comme aux États-Unis, les emprunts pour l’achat d’un domicile sont souscrits auprès d’organismes mutuels à but non nécessairement lucratif, ce qui retire beaucoup de sens à une lutte contre les remboursements. Après la seconde guerre mondiale, on préserve le cœur géographique du capitalisme en étendant la propriété au plus grand nombre ; simultanément on développe le marché du continent européen, en France en subventionnant la construction de grands ensembles pour la population des bidonvilles. La hausse du niveau de vie permet de poursuivre l’accumulation du capital dans l’appareil productif tout en maintenant la population au travail. Il s’agit donc d’un remède à la surproduction alternatif à la guerre (laquelle réduit la part des travailleurs dans la population et supprime aussi une partie de la concurrence).

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Le choix de Marianne, Annie Lacroix-Riz (1985), pp. 171-2 :

"[Le 10 février 1948,] le "Mémorandum pour l'affectation de la contrepartie en francs de l'aide intérimaire" consacre la docilité du gouvernement français, porteur de propositions qui frappent la reconstruction : les investissements sont "limités au minimum au-dessous duquel risquerait d'être compromis d'une façon dangereuse le relèvement de la capacité de production française".

Le budget français affecte désormais seulement 1 845 milliards à la reconstruction, soit une baisse de 11 % du volume des travaux par rapport à 1947, "correspondant à une allure qui, si elle devait être maintenue, ne permettrait d'achever la réparation des dommages de guerre qu'en quinze ans", ce qui aura des "conséquences graves dans de nombreux secteurs"."

 

bidonville à Nanterre circa 1967

 

https://journals.openedition.org/cdlm/829

"L’enquête [de 1966, sur 255 bidonvilles repérés] démontre également que tous les bidonvilles rassemblent environ 75.000 personnes majoritairement mais non exclusivement de nationalité étrangère : 42% de Maghrébins, 21% de Portugais, 6% d’Espagnols et 20% de Français parmi lesquels beaucoup habitent l’îlot de Noisy-le-grand (composé à 80% de Français)."

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