Proposition de Bruno Le Maire de réduire la durée d’indemnisation au fur et à mesure que le taux de chômage se rapprocherait de 5 % (Canard Enchaîné du 1er novembre 2023). Il s’agirait là du « système d’assurance-chômage véritablement contracyclique » voulu par le Président Macron. On comprend intuitivement que la compétition entre les employeurs fait progresser les salaires, et donc que pousser les chômeurs à accepter plus rapidement un emploi peut venir contrecarrer l’effet d’un taux de chômage en baisse. Mais dézoomons : le niveau des salaires est (sur la durée) le plus bas possible, car l’avantage que confèrent des salaires plus attractifs que la concurrence (une meilleure productivité) finit par disparaître s’ils augmentent trop – auquel cas la coopération s’impose. Un taux de chômage maigre implique une productivité plus fragile (on a moins le choix de ses employés), mais aussi une plus grande quantité produite et potentiellement un prélèvement moindre sur les salaires (pour les indemnisations). Augmenter les inégalités « en même temps » que la production peut aviver les tensions sociales et accroître la capacité à temporairement exproprier les usines. Bien sûr il s’agit d’une esquisse à grands traits, ne tenant pas compte (par exemple) de l’importance du travail non-productif dans un pays comme la France.